Les comtes de Bigorre, afin de défendre leurs droits sur la province du Labéda avant que ceux-ci ne passent aux Comtes de Foix puis au Roi de France, avaient créé dans cette région des fiefs nobles donnés à des vassaux - Ourout était de ceux-là.

A quelle époque remonte sa cons­truction ?

Les premières mentions remontent à l'an 1086. Cependant un mur entou­rant la terrasse, ainsi que les encein­tes fortifiées, dont on retrouve les fondations dans le parc du château, ont été détruits à une époque très ancienne. Ces fondations ont un appareillage très particulier et soi­gné fort différent de l'appareillage courant du Moyen Age dans la région. La tradition a toujours voulu qu'un camp fortifié ait occupé à l'époque romaine, l'emplacement privilégié d'Ourout qui domine le tracé de l'ancienne voie romaine conduisant en Espagne.

Par contre les murs du donjon et du corps de bâtiment central qui constituent les limites du vieil Ourout, semblent avoir été construits avec des blocs de granit extraits de la moraine du glacier d' Azun sur laquelle est bâtie toute la ville d'Argelès. On peut penser qu'ils datent du 11ème ou du 12ème siècles. 

Le donjon est caractérisé par l'épais­seur de ses murs dans lesquels on a retrouvé des silos à grain.
La construction de l'actuel salon, plus récente se situerait au 15e siècle.
Quelques ouvertures ont été percées au 19e siècle, époque à laquelle a été également rajoutée la tour ronde. Ces travaux ont été exécutés par l'architecte Jean Jacques Latour (1816-1868) auteur également du musée et de la tour du jardin Massey à Tarbes, des églises d'Ossun, Pujoo et Laloubère ainsi que de l'hospice de Barèges et de la halle en fer de Vic-en-Bigorre.
Les tours et les bâtiments qui s'ar­ticulent sur le donjon sont bâtis en blocs de rocher liés à la chaux vive, selon la coutume ancienne de la région, constituant un ensemble très caractéristique de l'architecture du Lavedan. Ourout est pratique­ment le seul qui ait été conservé en bon état sans discontinuité jusqu'à nos jours.

Outre les premières mentions qui datent de 1080, on possède ensuite, à partir de 1273, de très nombreux documents concernant les seigneurs d'Ourout et leur fief, qui permettent d'établir la liste des familles aux­quelles il a appartenu et de suivre son histoire. Sauf une vente faite en 1539 dans le cadre d'une succession par Fortané de Laneta à son neveu Bertrand de Mayouraou, Ourout a toujours été transmis par succession ou mariage et est toujours resté jusqu'à ce jour entre les mains des descendants des premiers seigneurs d'Ourout.

La seigneurie d'Ourout a appartenu successivement depuis 1080 aux familles suivantes :

• Jusqu'en 1424 aux Ourout
• Jusqu'en 1483 à la famille d'Arcizas
• Jusqu'en 1539 à la famille de Laneta
• Jusqu'en 1578 à la famille de Mayouraou
• Jusqu'en 1778 à la famille d'Antin
• Jusqu'en 1833 à la famille de Saint Pastous

et depuis cette date à la famille de Roquette-Buisson à laquelle Ourout a été apporté à l'occasion du mariage de Marie de Saint Pastous avec Maxime, comte de Roquette-Buisson.
 

Le parc dessiné avec le concours de Placide Massey, créateur du jardin qui porte son nom à Tarbes, consti­tue avec ses cascades d'eaux vives, ses arbres centenaires et ses fougè­res, un exemple original du mariage d'un parc à l'anglaise, alors à la mode, avec la relative austérité qu'il convient de conserver à un jardin de montagne. Il est intéressant de constater qu'Ourout est le deuxième exemple d'un site où sont interve­nus à la fois le paysagiste Massey et l'architecte Latour. Certains arbres du parc, notamment les grands pins sylvestres et les épicéas ont été plan­tés en même temps que ceux qui ornaient les lacets descendant à la grotte à Lourdes dont il ne reste plus qu'un ou deux exemplaires. Mon arrière grand-père raconte dans ses mémoires que le roulier qui avait rapporté ces arbres de Tournay avait été attaqué en route par des loups.
 

Hugues de Roquette-Buisson