Berthe Weill (1865-1951) une marchande d'art française qui avait du «flair».

En 1901, avec 4000 francs de dot, Berthe Weill ouvre une galerie d’art qui n'exposera que des jeunes peintres. La passion de Berthe : donner une chance à des artistes novateurs qui soient en rupture avec la peinture traditionnelle.
Elle achetait directement au peintre mais pour cela il fallait qu'elle « sente » la manière dont l'artiste avait créé son œuvre autrement elle refusait sa toile.
Les jeunes artistes se précipitaient chez elle car peu de galeristes étaient prêts à exposer cette nouvelle peinture.

Berthe défendait envers et contre tous ses protégés qui n'étaient autres que: Picasso, Matisse, Derain, Dufy, Valadon, Laurencin, Modigliani … et la liste est encore longue, très longue même.
Seulement, à cette époque, tous ces noms aujourd'hui prestigieux n'étaient que d'illustres inconnus dont la peinture ne plaisait pas au public et même faisait scandale. En effet, en 1917, lors de l'exposition de Modigliani où un nu «à poils» était pour la première fois présenté au public, en guise de représailles contre cette galerie, des manifestations antisémites furent organisées et elles le furent très souvent par des artistes de renom du moment. Berthe Weill, même profondément blessée par ces attaques, ne renonça jamais à défendre le talent de ses peintres et à partager avec eux ses maigres repas dans les périodes difficiles.

Petit à petit, ses artistes commencèrent à avoir de la notoriété et se tournèrent vers des marchands plus ambitieux.

En 1939, la galerie B. Weill fait faillite. Malgré sa contribution à la reconnaissance du mouvement de l'avant-garde parisienne, Berthe prend sa retraite dans la misère...
En 1946, Berthe Weill est dans le dénuement le plus total. Ses amis lancent un appel pour lui venir en aide. Cet appel arrive jusqu’à ses anciens protégés qui l'avaient perdue de vue, mais qui n'avaient pas oublié ce qu'elle avait fait pour eux. Ils se mobilisent et offrent environ 80 toiles pour organiser une vente aux enchères dont les bénéfices seront reversés «à la petite mère Weill».

La vente rapportera 4 millions de francs, une belle somme qui mettra Berthe Weill à l'abri du besoin.
Elle avait bien mérité de finir sa vie paisiblement après avoir propulsé au-devant de la scène ces artistes majeurs du 20e siècle.

Crédit Photos : Wikipédia
1) Raoul Dufy, La plage et l’estacade de Trouville, 1905. Cet artiste a donné une toile pour la vente aux enchères.

2) André Derain, L'Estaque, route tournante, 1906. Cet artiste a donné une toile pour la vente aux enchères.

3) Georges Kars, Portrait de Berthe Weill, 1933.